« MARSEILLE : RENCONTRE AVEC CLELIA CAFIERO, PIANISTE ET CHEF D’ORCHESTRE 

La pianiste Clelia Cafiero a quitté la Scala de Milan pour devenir assistance du chef d’orchestre à l’Opéra de Marseille : Lawrence Foster. Elle ne se voit pas pour autant en reconversion, mais dans une évolution de sa carrière qui répond à ses attentes musicales. Elle dirigera un concert ce samedi 11 janvier dans la cité phocéenne. 

Le concert qu’elle dirigera le samedi 11 janvier à l’Opéra de Marseille fait partie de la saison officielle. A la page du programme il est précisé : direction musicale Clelia Cafiero. Samedi dernier, elle a remplacé au pied levé Lawrence Foster pour le concert de ce début d’année. Ce qui lui arrive régulièrement quand le titulaire est absent, l’assistant supplée. Depuis septembre dernier, Clelia Cafiero assiste le maestro de la maison phocéenne et ce pour un an. 

Elle raconte avoir quitté le confort de la Scala de Milan où elle était pianiste : « J’étais bien à la Scala mais quelque chose me manquait quand j’étudiais les partitions. Et quand nous étions cinq ou six musiciens, je me suis rendu compte que mes idées valaient pour tout le monde et que mes collègues écoutaient mes propositions pour lire des phrases musicales. Alors qu’entre nous c’est quand même difficile de faire accepter ses idées à d’autres musicien, chacun a sa version d’une oeuvre. Il arrive aussi qu’on me demande mon avis. Je me suis dit que j’avais peut être quelque chose en plus. C’est ça qui m’a donné envie de quitter la Scala et de passer ce concours pour Marseille. » 

La jeune femme explique que la confiance l’a nourrie : « Mais la confiance existe quand on travaille tous les jours et qu’on doit emmagasiner des connaissances pour les restituer en sécurité pour faire exprimer ce qu’on a à dire. » 

Confiance rime donc avec travail, quasi permanent : « Ce que le public voit d’un chef, c’est sa direction sur un pupitre, il faut voir tout ce qui se passe derrière. Il m’arrive de me relever 

la nuit pour travailler une partition. Car la réalité c’est que la musique est devenue une priorité absolue. J’ai de l’admiration pour Carlos Kleiber (1930-2004) qui avaient beaucoup de problèmes psychologiques, il était bipolaire, mais qui était totalement investi par la musique. » 

Elle a bien compris son rôle d’assistante : « Je suis présente à toutes les répétitions d’opéra et de faire des remplacements quand le chef est absent. Certaines fois il me laisse des consignes pour telle ou telle mesure. J’applique ce qu’on me demande sans discuter ni changer l’intention, c’est normal. Souvent on me fait confiance et je donne mes idées et je fais ce qui me semble juste. » 

Elle souhaite que son aventure phocéenne se prolonge au-delà d’un an : « J’aimerai bien rester plus longtemps, un an de plus. Je trouve qu’une année, c’est trop court, même si je dirigerais deux concerts. » 

Cette année, Clelia Cafiero se concentre sur la direction
d’orchestre, sans oublier le piano pour autant, d’ailleurs. Elle glisse qu’elle libère une heure et demie quotidienne pour travailler son piano. Voire, elle aimerait conduire une carrière à la Daniel Barenboim, en menant de front son plaisir d’être devant un clavier ou baguette en main sur un pupitre. Et plus encore de diriger depuis son piano : « Il suffit de regarder les pupitres pour les faire commencer. » Un exercice inscrit à son programme de samedi pour conduire le Concerto de Ravel de ses doigts et de ses yeux. 

La jeune musicienne est napolitaine. Aller à Milan c’était pour sa famille un regret de la voir quitter le bord de la Méditerranée : « J’avais 18 ans et tous n’ont pas accepté mon départ qui a occasionné des conflits familiaux. C’était difficile aussi de dire que je voulais vivre de la musique. » 

Marseille n’est pas sans lui rappelé Naples d’ailleurs : « Dans ces deux villes, il y a de chaleur et de la passion. Mais je pense que la mentalité à Marseille est plus ouverte. Peut-être même que la France est plus ouverte. » 

Bruno Alberro, Ventoux Opéra